Nos aventures se poursuivent à Osorno, ville à 1000 km au Sud de Santiago. Dans cette région des lacs, l’agriculture est traditionnelle. On y retrouve des producteurs de viande, des cultivateurs de céréales et pommes de terre. Mais la production majoritaire reste le lait. Ce secteur du Chili contribue à près de 80 % de la production laitière du pays.
Pacio nous a accueilli dans sa famille et nous avons passé quelques jours sur la ferme familiale (depuis cinq générations) à 30 km de la ville. L’exploitation comprend 350 ha dont 80 ha se situent sur une zone inondable. Les paysages sont magnifiques et la maison côtoie le fleuve !
Le troupeau est constitué de 180 vaches laitières et son mode de fonctionnement est basé sur un modèle néo-zélandais. Les vaches sont conduites au pâturage et les vêlages sont groupés sur deux mois de l’année à l’aide d’un traitement hormonal.

Lucio réalise des croisements rotatifs entre trois races bovines : Jersiaise, Holstein de Nouvelle-Zélande et Ayrshire. Un croisement entre trois races plutôt qu’entre deux permet d’optimiser la production laitière (quantité et qualité du lait) ainsi que de conserver des animaux de taille homogène au sein du troupeau. Un effet d’hétérosis, c’est-à-dire d’augmentation des capacités de l’hybride en comparaison des lignées dites pures, est aussi induit lors des croisements.
Les vaches laitières comptent en moyenne 6 vêlages dans leur carrière. Elles mettent bas en juillet. Les veaux sont séparés de leur mère au bout de 24 heures puis élevés aux biberons tétines. Nous avons eu la chance d’aider Sophesa, la mère de Pacio, à nourrir les nouveaux-nés.
Nous avons même pu assister en direct à un vêlage. Un spectacle qui n’a pas de prix !
7 salariés travaillent sur la ferme en plus de Pacio et de ses parents. Deux personnes sont chargées de la traite et les autres salariés assurent les soins aux animaux, les travaux aux champs et l’entretien du matériel et des tracteurs.
Nous avons apporté notre aide dans l’élaboration des aliments distribués au troupeau. Un complément à base de céréales et de minéraux est produit sur la ferme et conservé dans un grand grenier près de la maison. Les grains de triticale produits sont broyés de manière à obtenir une farine qui est ensuite mélangée aux minéraux. Les vaches reçoivent chaque jour 200 à 300 g de minéraux. Cet apport limite les problèmes de boiteries et améliore la fertilité.
Les vaches laitières ont un régime alimentaire très bien défini en fonction de leur stade de production : période de lactation, période précédant la mise-bas, tarissement. En plus du pâturage, de l’ensilage d’herbe peut être distribué. La ferme ne dispose pas d’étable. Les vaches sont dehors toute l’année mais les parcelles disposent d’arbres pour protéger les animaux de la pluie ou de la chaleur. Les sols sont de plus sableux, ce qui limite fortement la formation de boue.
La totalité du lait est livré à une laiterie du groupe privé Nestlé. Cette laiterie fait partie des 4 laiteries principales du pays. Une grande partie du lait produit par les éleveurs est déshydraté pour être transporté plus facilement. Il est ensuite reconstitué et distribué principalement sur Santiago où se concentre la majorité de la population du pays.
Nous avons vraiment apprécié nos journées sur la ferme de Pacio. Tout y est bien organisé et bien pensé. Pacio travaille en parallèle sur un projet de recherche avec l’université du Chili. Il cherche à définir les périodes de rotations au pâturage. Ces travaux avaient déjà été réalisés il y a plusieurs années mais les races bovines et les prairies ont beaucoup évolué. Il souhaite alors reproduire des essais en vue d’optimiser la gestion de l’herbe par des troupeaux de vaches laitières. Nous lui souhaitons toute la réussite qu’il mérite dans ses travaux.