Ca y est, malgré un trajet un peu chaotique depuis Pakse, nous voilà enfin à Phnom Penh. Quoi de mieux pour débuter dans un pays que de commencer par visiter sa capitale?
Une journée de repos et une soirée au marché de nuit :
Après le long trajet de la veille, notre arrivée tardive à Phnom Penh et quelques émotions avec le vol de mon téléphone, nous avions vraiment besoin, pour notre premier jour au Cambodge, d’une vraie grass’ mat’! Et puis, je vous rappelle que nous nous sommes permis pour une fois de passer une nuit dans un super hôtel avec une chambre spacieuse et des lits hyper grands alors autant en profiter un max 😉 . Et donc, pour la première fois depuis le début de notre voyage, il est presque midi lorsque l’on se réveille! Nous faisons rapidement nos sacs car le check out est avant midi et nous quittons l’hôtel pour aller rejoindre la guesthouse dans laquelle nous passerons le reste de notre séjour à Phnom Penh.
Nous découvrons alors la ville de jour, malgré mes appréhensions suite à la mésaventure de la veille, j’apprécie cette ville! De jour, elle est beaucoup plus animée, carrément bordélique même, mais j’aime ça, c’est vraiment vivant! Il y a des tuk tuk par dizaine, des marchands ambulants, des motos, des taxis… au dessus de nos têtes de vrais sacs de nœuds de fils électriques et de nombreuses odeurs chatouilles nos narines, certaines nous mettent l’eau à la bouche, d’autres beaucoup moins!
En revanche, nous constatons que, malheureusement, la pauvreté est bien plus présente qu’au Laos, la mendicité est très présente, notamment de la part des enfants.
Il est déjà 14 heures lorsque nous arrivons à notre guesthouse où nous avons englouti un bon burger.
Nous commençons par aller au marché de nuit! Il a lieu tous les week end, on y trouve des vêtements mais aussi de nombreux stands de nourriture qui nous permettent d’avoir un avant goût de la cuisine cambodgienne. Résultat : on se régale! Le tout accompagné par la musique des groupes qui jouent sur la petite scène installée au centre du marché et nous passons un agréable moment!
Retrouvailles avec des amis à Phnom Penh
Il faut se dépêcher, le proprio de notre guesthouse nous attend pour nous amener à l’aéroport où l’on doit récupérer des amis!
Il nous dépose devant l’aéroport et nous nous rendons dans le hall des arrivées. Jusqu’à maintenant, prise par le rythme un peu fou de notre aventure, je n’avais pas vraiment le temps de m’en rendre compte que mes amis me manquaient. Mais là, alors qu’ils s’apprêtent à arriver, je réalise à quel point je suis contente de les revoir!

Bien évidemment, leur avion à du retard!! Il nous faudra patienter une heure de plus! En attendant, j’observe les gens autour de moi, j’adore faire ça dans les aéroports! Il y a des gens qui viennent du monde entier et je m’amuse à imaginer la vie qu’ils peuvent avoir! Cette jeune fille asiatique, jolie et bien habillée accompagnée de deux gars qui ont l’air de veiller sur elle est peut être une personnalité connue? Ce gars typé indien qui arrive avec ses grosses valises et qui embrasse chaleureusement une famille indienne (je pense) qui l’attendait, rend probablement visite à sa famille expatriée au Cambodge? Ces deux jeunes occidentaux avec leurs gros sacs sur le dos, se préparent probablement à affronter la marée de tuk tuk qui les attendent à la sortie de l’aéroport, il seront peut être dans la même guesthouse que nous?
Le temps passe finalement assez vite! Leur avion à normalement atterri, on attend et chaque fois que du monde arrive on les cherche dans la foule. Pour mieux voir je monte sur un petit muret et c’est là que je les vois, avec leurs nouveaux sacs sur le dos ils sont rigolos! Ils s’adaptent à notre mode de voyage et ça me touche car ce n’est pas forcément évident!
On rentre à la guesthouse mais on se couche tard, on a tellement de choses à se raconter et à… manger! Et oui, ils n’ont pas manqué de nous ramener de vrais chocolats de Jo de Bruges, du bon saucisson et du cantal! Quel régal!!!
Balades dans les rues grouillantes de Phnom Penh
Le lendemain on décide de découvrir en douceur la ville en allant nous balader tranquillement à pied.
On se dirige d’abord vers la pagode de Wat Phnom située au sommet d’une petite colline de 27 mètres de hauteur. Selon la légende, une dame nommée Penh découvra quatre représentations de Bouddha au bord du Mékong et les posa sur cette colline. La ville qui prit naissance autour fut alors nommée Phnom Penh ce qui signifie : “la colline de Penh”. L’entrée à la pagode est de seulement 1 dollar. Elle est décorée de fresques et de nombreux bouddhas et, à l’arrière, il y a un stûpa qui contient les cendres du roi fondateur de la ville.
On se rend ensuite au marché central situé dans une gigantesque halle jaune et coiffée d’une impressionnante coupole de 26 mètres de hauteur (à un mètre près aussi haut que la colline de la pagode de Wat Phnom). Ce marché est le plus important lieu d’échange de la ville et est l’un des plus grands marchés couverts d’Asie! En effet, on y trouve absolument de tout! Il y a 5 secteurs : les vêtements, l’épicerie, l’alimentation, l’électroménager et, au centre et sous la coupole, les bijoux!
C’est ici que je vais goûter au meilleur fruit que je n’avais jamais mangé : le fruit du jacquier! Un délice ce truc!!! On s’achète de quoi déjeuner avant de rentrer à la Guesthouse pour manger un peu plus au frais sous les ventilos de la salle commune. Eh oui, il fait hyper chaud à Phnom Penh. D’ailleurs, certains en profitent pour faire une petite sieste…
Après manger, on continue la balade à travers la ville en nous dirigeant vers le monument de l’indépendance dont la forme évoque les temples d’Angkor. On continue en passant devant la statue de l’ancien roi Norodom Sihanouk et en longeant son allée de verdure.
On rejoint ensuite les berges du fleuve dans le quartier du palais royal et on s’assoie au bord du Tonlé Sap pour observer la vie sur le fleuve.
Le soir nous partons dans un petit restaurant que l’on a découvert et qui deviendra notre cantine! On ne se souvient plus du nom mais c’est un petit resto comme on les aime qui fait le plein de locaux. C’est ici que l’on goûtera au lok-lak un plat typique du pays.
Visite de Tuol Sleng à Phnom Penh, le musée du Crime Génocidaire :
Après avoir un peu plus découvert la capitale nous voulions en savoir un peu plus sur le passé du pays, notamment sur la terrible période des Khmers Rouges. Pour cela, nous sommes aller visiter Tuol Sleng, la prison la plus terrifiante au moment du règne des Khmers Rouges.
Nous pensons que cette visite est vraiment un incontournable pour en apprendre un peu plus sur la dure histoire du pays qui m’était pourtant presque totalement inconnue! La visite est de 3 dollars, on vous recommande vivement de prendre l’audio guide en français.
Petit rappel sur l’histoire des Khmers Rouges :
En arrivant au Cambodge nous ne connaissions absolument rien sur la triste histoire du pays. J’étais choquée de n’avoir presque pas entendu parler de ce génocide qui est pourtant aussi grave que celui des nazis envers la population juive, d’autant plus que c’est très récent (moins de 50 ans).
Nous avons donc jugé important de vous parler de ce dur passé et on essaie de vous faire un bref résumé sur l’histoire des Khmers Rouges :
Le 17 avril 1975, la république tombe et Phnom Penh est prise par les Khmers Rouges aidés par les Américains qui cessent les bombardements (selon eux, les Khmers Rouges étaient certes des communistes mais moins dangereux…). Soulagés par la fin des hostilités, les habitants de la ville accueillent les Khmers Rouges comme des révolutionnaires. Un événement difficilement imaginable va alors se produire : les Khmers Rouges font croire aux habitants qu’il va y avoir de nouveaux bombardements américains et en l’espace de seulement 48 heures ils font évacuer TOTALEMENT la ville!! Les habitants, soit environ 2,5 millions de personnes sont évacuées de force vers les campagnes du nord et de l’ouest du pays. Absolument personne n’est épargné, même les malades des hôpitaux se sont retrouvés sur la route… Cet exode coûtera la vie à des dizaines de milliers de personnes! En 48 heures Phnom Penh devient une ville fantôme livrée à l’armée des Khmers Rouges qui détruisent tous les symboles de la société bourgeoise, dynamitent tous les bâtiments culturels et brûlent les églises.
Dans la foulée, c’est toutes les villes du pays qui sont évacuées et on ordonne à la population de gagner les rizières pour se mettre au travail dans le but d’assurer l’autosuffisance alimentaire du pays.
Durant cette déportation, la population est d’ailleurs triée en trois catégories : les militaires sont exécutés, les fonctionnaires et intellectuels (médecins, écrivains,…) sont considérés comme suspects et sont envoyés dans des “villages spéciaux” tels que la prison de Tuol Sleng avant d’être, eux aussi, exécutés, et le reste de la population va travailler dans les rizières. Les charrues sont tirées à mains nues (les bœufs ayant été tués), les repas sont limités au strict minimum voire supprimés, les horaires sont draconiens (plus de 12 heures de travail),… bref les conditions de travail sont proches de l’esclavagisme.
En proie à la faim, au soleil, aux travaux forcés et aux maladies, un grand nombre de la population ne résiste pas à la vie à la campagne. De plus, les médicaments sont réservés aux combattants, les hôpitaux sont interdits d’accès et les médecins sont exécutés pour cause d’appartenance à la bourgeoisie… Et oui, les Khmers Rouges haïssent tout signe d’intelligence, pour eux “il vaut mieux tuer un innocent que de garder en vie un ennemi”, les jeunes aux cheveux longs sont eux aussi exécutés, ainsi que toutes personnes susceptible de connaitre une langue étrangère, qui porte des lunettes ou possède un stylo… Les suspects ne sont pas toujours immédiatement exécutés mais emmenés dans des prisons comme celle de Tuol Sleng, que nous avons visité, pour être torturés afin de les faire parler.
L’idée d’un véritable génocide se répand !
La visite de Tuol Sleng à Phnom Penh:
Tuol Sleng est un ancien lycée qui deviendra, d’avril 1975 à janvier 1979, la prison la plus terrifiante du pays!
Près de 20 000 personnes passèrent dans cette prison et seulement 12 (dont 5 enfants) en sortiront vivantes… Tous potentiels opposants au régime y furent enfermés, pour n’importe quel motif, valable ou inventé et sans distinction d’âge (femmes, personnes âgées, enfants, bébés… la famille entière d’un seul suspect est enfermée) pour y être torturées.
Ce lieu, baptisé S-21 par les Khmers Rouges, n’est pas sans rappeler les camps d’extermination nazis. Il y avait, dans le pays, de nombreux autres camps similaires, mais celui-ci fut transformé en musée mémorial.
Kaing Guek Eavun, le tortionnaire en chef de la prison de Tuol Sleng, était un ancien professeur de math du lycée…!
Voici tout d’abord le règlement intérieur de la prison, histoire de vous mettre dans l’ambiance…
La visite commence par le bâtiment A qui servait aux interrogatoires (lieu de torture donc). Dans chaque pièce, les lits métalliques dans lesquels les prisonniers étaient attachés sont encore présents. Les boites de munitions qui servaient de pot de chambre aussi. Des photos de corps mutilés sont affichées aux murs…
Les explications données par mon audio guide me glacent le sang.
Nous passons ensuite au bâtiment B qui fut transformé en mémorial où des centaines de photos de prisonniers sont affichées (les Khmers Rouges étaient des maniaques de l’archivage et prenaient en photos tous leurs prisonniers, à l’arrivée dans le camp et à leur mort). Tous ces visages, toutes ces personnes, dont de nombreux enfants, qui ont du subir les pires tortures…c’est vraiment glaçant!
C’est dans le bâtiment C que l’on trouve les cellules des prisonniers. Elles sont riquiqui et il y a des barbelés au balcon de façon à empêcher les suicides… Et dire qu’avant c’était des salles de classes…
Dans le bâtiment B il y avait également des cellules mais il a été transformé en salle d’exposition avec des photos des 7 survivants adultes et les peintures réalisées par l’un d’eux, Vann Nath qui illustrent les différentes méthodes de torture.
Dans la cour, on peut encore voir la potence où l’on pendait les prisonniers par les pieds et les jarres dans lesquelles étaient réanimés les malheureux afin de prolonger leur supplice… et dire que c’était une cour de récréation! Il y a également les tombes des 14 dernières victimes du camp.
A l’entrée de Tuol Sleng, nous avons pu rencontrer un des survivants de la prison et nous avons acheté son livre.
Vous l’aurez compris, il est plutôt déconseillé de visiter Tuol Sleng avec de jeunes enfants, mais nous trouvons cette visite vraiment essentielle pour comprendre la dure histoire des Khmers Rouges qui est si peu connue!
Phnom Penh et la visite du palais royal :
Près de Phnom Penh, il est aussi possible de visiter le camp d’extermination de Choeung Ek, dans lequel les prisonniers qui ne mourraient pas à Tuol Sleng étaient emmenés pour y être exécutés. Mais, honnêtement, nous avions eu notre lot d’horreurs et avions vraiment besoin de visiter quelque chose de plus gaie! C’est donc au palais royal que nous nous sommes rendus!
Attention, pour visiter le palais royal une tenue correcte est strictement exigée. C’est à dire pas de short ni de minijupe et ne pas avoir les épaules découvertes. L’entrée est de 6,50 dollars par personne.
Nous avons beaucoup apprécié la visite, l’ensemble des bâtiments est très bien restauré et les jardins très bien entretenus.
Où dormir à Phnom Penh :
Nous ne nous souvenons ni du nom ni de l’emplacement de l’hôtel dans lequel nous avons passé la première nuit. Ensuite, nous avons séjourné à la Good Morning Guesthouse située dans la rue 27 pour 10 dollars la nuit en chambre double. Nous nous sommes sentis très bien ici, les chambres sont propres, confortables et avec salle de bain privative. Les moins chères n’ont pas de clim (mais un ventilateur) et la fenêtre donne sur le couloir. Le personnel est vraiment sympathique et attachant! Il y a un agréable séjour avec possibilité de se restaurer! Bref, on recommande!
Maintenant que vous en savez un peu plus sur la capitale du Cambodge et sur son passé.